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Crédit image : H. Hurst |
Une découverte archéologique majeure vient de confirmer l’empreinte profonde laissée par l’empire de Teotihuacan sur la civilisation maya de Tikal, au cœur des forêts tropicales du Guatemala.
Des archéologues ont mis au jour un autel peint dans l’ancienne cité maya de Tikal, révélant des influences architecturales et artistiques directement issues de l’empire de Teotihuacan, puissante civilisation du centre du Mexique. Située à plus de 1 000 kilomètres dans la vallée de Mexico, Teotihuacan entretenait entre 250 et 550 après J.-C. d’importants liens économiques et politiques avec Tikal, capitale d’un État maya florissant durant la période classique.
La récente découverte, détaillée dans une étude publiée dans la revue Antiquity, concerne un autel décoré de motifs peints représentant une figure coiffée d’un impressionnant couvre-chef à plumes, encadrée de boucliers et d’attributs cérémoniels sur des panneaux éclatants de rouge, noir et jaune. Cette iconographie serait une représentation du "dieu de la tempête" de Teotihuacan, suggérant que l’autel aurait été réalisé par un artisan formé dans la grande métropole mésoaméricaine, il y a plus de 1 700 ans.
« Il devient de plus en plus évident que cette période fut d’une extrême turbulence à Tikal », explique Stephen Houston, professeur à l’université Brown, spécialiste en sciences sociales, anthropologie, histoire de l’art et de l’architecture, et co-auteur de l’étude. « Ce que confirme cet autel, c’est que des élites fortunées venues de Teotihuacan se sont installées à Tikal, y reproduisant des installations rituelles semblables à celles de leur ville d’origine. L’influence de Teotihuacan y fut donc considérable », ajoute-t-il.
Depuis plusieurs décennies, les archéologues accumulent des preuves montrant que Teotihuacan exerçait une emprise croissante sur Tikal. Des inscriptions anciennes relatent même la destitution du roi local, remplacé par un "roi fantoche" au service des intérêts teotihuacans.
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Crédit image : E. Román |
Un autre indice marquant de cette domination culturelle a été révélé récemment par une étude LiDAR menée par l’université Brown : une réplique à échelle réduite de la citadelle de Teotihuacan a été détectée à proximité immédiate du centre de Tikal — signe d’un degré d’assimilation encore jamais observé dans l’histoire précolombienne.
Mais cette présence étrangère semble avoir laissé des traces ambiguës. D’après Andrew Scherer, co-auteur de l’étude, le fait que l’autel et les structures l’entourant aient été intentionnellement ensevelis, sans reconstruction ultérieure, témoigne du poids émotionnel de cet héritage.
« Les Mayas avaient pour habitude d’ensevelir des bâtiments avant d’en ériger de nouveaux par-dessus », précise Scherer. « Mais ici, ils ont tout simplement enterré l’autel et les édifices voisins… et les ont abandonnés. Pourtant, le site aurait pu être réutilisé des siècles plus tard. Ils l’ont traité comme un mémorial… ou une zone interdite. Cela en dit long sur la complexité de leurs sentiments à l’égard de Teotihuacan. »
Source : Cambridge Université
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