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Hiéroglyphes d'Abydos interprétés comme aéronefs et véhicules modernes par des élucubrateurs, en opposition au consensus scientifique sur leur explication. |
La théorie des anciens astronautes, qui postule que des civilisations extraterrestres ont visité la Terre dans le passé lointain et ont influencé les grandes réalisations de l'humanité, a gagné en popularité depuis les années 1960. Popularisée par des auteurs comme Erich von Däniken, cette théorie suggère que de nombreux monuments antiques, avancées technologiques et objets d'art ne peuvent être expliqués que par une intervention extraterrestre. Des structures monumentales telles que les pyramides de Gizeh, les lignes de Nazca ou les statues de l'île de Pâques sont souvent citées comme preuves de cette influence.
Cependant, cette théorie fait l'objet de critiques importantes pour ses faiblesses méthodologiques et scientifiques, mais aussi pour ses implications culturelles et raciales. En effet, l'une des critiques les plus virulentes adressées à cette hypothèse est qu'elle reflète un biais ethnocentrique et, dans certains cas, un racisme latent en dévalorisant les capacités des peuples non européens à accomplir des œuvres architecturales et techniques sans intervention extérieure.
Sous-estimation systématique des cultures non européennes
L'une des critiques centrales de la théorie des anciens astronautes est qu'elle tend à minimiser ou ignorer les capacités des civilisations non occidentales. En attribuant leurs réalisations à des visiteurs extraterrestres, cette hypothèse sous-entend que les peuples autochtones d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie n'auraient pas pu développer des connaissances techniques avancées par eux-mêmes. Par exemple, les pyramides égyptiennes, les lignes de Nazca au Pérou ou encore les temples mayas sont souvent présentés comme étant trop complexes pour les peuples qui les ont créés.
Cette position reflète un biais ethnocentrique, voire eurocentrique, où les prouesses des civilisations non occidentales sont systématiquement remises en question, tandis que les réalisations des civilisations européennes sont perçues comme le résultat d'un génie purement humain. Il est révélateur que les réalisations européennes – telles que la construction du Parthénon ou des cathédrales gothiques – ne sont presque jamais attribuées à des extraterrestres, même si elles requièrent également une ingénierie avancée. Cela crée une dichotomie trompeuse entre les réalisations humaines, qui seraient le fruit d'une créativité propre aux Européens, et celles des autres cultures, qui seraient « assistées » ou influencées par des entités extérieures.
Peintures du Val Camonica (Italie, Xe millénaire av. J.-C.) figurant des divinités, ou des figures mythologiques, interprétées comme visiteurs extraterrestres avec leurs casques par les tenants de la théorie des anciens astronautes. |
Biais colonialiste et racisme implicite
L'idée que des civilisations avancées extraterrestres aient dû intervenir pour permettre à des peuples non européens de réaliser des structures complexes reflète non seulement un mépris des capacités intellectuelles et techniques de ces peuples, mais elle s'inscrit également dans une longue tradition de pensée colonialiste et raciste. Au cours de l'histoire, les colonisateurs européens ont souvent dénigré les cultures indigènes, les considérant comme « primitives » et incapables de réalisations sophistiquées sans l'influence des colonisateurs eux-mêmes. La théorie des anciens astronautes prolonge cette idée en insinuant que ces peuples auraient dû être « aidés » par des visiteurs extraterrestres pour accomplir des œuvres architecturales et culturelles majeures.
Ce racisme implicite est particulièrement évident dans l’attribution sélective des réalisations aux extraterrestres. Les structures en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie, telles que les pyramides de Gizeh, les temples incas ou les temples cambodgiens d'Angkor Wat, sont régulièrement considérées comme trop avancées pour leurs créateurs présumés. Cependant, peu de théoriciens des anciens astronautes suggèrent que les monuments européens, tels que le Colisée à Rome ou les cathédrales gothiques de France, ont été conçus avec une aide extraterrestre. Cela reflète une hiérarchie implicite des capacités intellectuelles, où les réalisations non européennes sont minimisées ou externalisées.
Minimisation de l'ingéniosité humaine
En plus de sa dimension raciste, la théorie des anciens astronautes néglige également la richesse et la diversité des connaissances scientifiques, mathématiques et astronomiques développées par les civilisations anciennes. Par exemple, les Égyptiens avaient une connaissance approfondie de l'astronomie, de la géométrie et de l'ingénierie, comme en témoignent la construction de leurs monuments, l'alignement astronomique de certains sites et leurs avancées dans la médecine. De même, les peuples mésoaméricains, comme les Mayas, possédaient des calendriers d'une grande précision, et leurs réalisations en architecture et en astronomie sont remarquables.
En attribuant ces avancées à des entités extraterrestres, les théoriciens des anciens astronautes sapent les capacités intellectuelles et la créativité humaine. Cela renforce l'idée que les civilisations non européennes étaient incapables de développer des technologies ou des techniques complexes par elles-mêmes, une notion démentie par des décennies de recherche archéologique et historique.
Une vision décontextualisée de l'histoire
L’un des aspects les plus problématiques de cette théorie est qu’elle décontextualise les découvertes archéologiques, en ignorant souvent les preuves historiques qui montrent que ces civilisations avaient bel et bien la capacité de réaliser les œuvres qui leur sont attribuées. Les interprétations d’Erich von Däniken, par exemple, passent souvent sous silence des éléments archéologiques et textuels qui expliquent comment des structures telles que les pyramides ou les monuments d’Amérique du Sud ont été construits. En fait, de nombreuses théories plus terre-à-terre expliquent ces merveilles comme étant le résultat de siècles de développement culturel, de transmission des connaissances, et d'une ingéniosité humaine collective, plutôt que des interventions surnaturelles ou extraterrestres.
Conclusion
La théorie des anciens astronautes, bien qu'attrayante pour ceux qui cherchent des réponses spectaculaires aux mystères de l'histoire, est fondée sur des idées simplistes et des biais ethnocentriques. En attribuant les réalisations des civilisations anciennes à des influences extraterrestres, elle sous-estime non seulement la capacité d'innovation des peuples non européens, mais renforce également des stéréotypes racistes hérités du colonialisme. À travers une lecture sélective et décontextualisée de l’histoire, elle dévalorise la riche diversité des cultures humaines et ignore les preuves archéologiques et historiques qui démontrent les capacités des civilisations anciennes à innover et à prospérer sans aide extérieure. La véritable histoire de l'humanité est celle d'une persévérance et d'une ingéniosité collectives, issues de milliers d'années d'efforts, de découvertes et de transmission culturelle.
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