Éléments topographiques manquants de l'art rupestre paléolithique révélés par l'imagerie stéréoscopique

Crédit : amiteshikha, CC BY 3.0 https://creativecommons.org/licenses/by/3.0, via Wikimedia Commons

Une recherche menée par l'Université Complutense de Madrid a révélé une série de peintures rupestres anciennes cachées parmi des œuvres d'art déjà répertoriées. Dans un article intitulé *"Animaux cachés à la vue : enregistrement stéréoscopique de l'art rupestre paléolithique dans la grotte de La Pasiega, Cantabrie"*, publié dans la revue *Antiquity*, l'équipe de chercheurs a apporté des détails manquants aux images photographiques précédentes.

Les chercheurs ont revisité l'art rupestre de la grotte de La Pasiega en utilisant de nouvelles méthodes d'enregistrement stéréoscopique numérique, permettant d'identifier des figures animales qui étaient passées inaperçues auparavant. Ils ont notamment découvert de nouvelles représentations de chevaux, de cerfs et d'un grand bovidé (probablement un aurochs) qui n'avaient pas été reconnues auparavant.

Certaines figures étaient auparavant considérées comme incomplètes, comme si l'artiste s'était arrêté en cours de réalisation. Grâce à la photographie stéréoscopique et à une meilleure compréhension de la manière dont les formations rocheuses naturelles étaient intégrées dans l'œuvre, ces figures ont été réinterprétées comme des représentations complètes d'animaux.

Les photographies stéréoscopiques ont permis aux chercheurs d'établir des corrélations entre les images et les irrégularités des parois rocheuses de la grotte, corrélations qui n'étaient pas facilement perceptibles avec des photos traditionnelles en deux dimensions.

En intégrant les caractéristiques naturelles des roches, les artistes de l'époque utilisaient l'environnement existant pour enrichir ou faire partie de l'œuvre, créant ainsi une interaction harmonieuse entre les éléments humains et naturels. Cette technique conférait de la profondeur et une dimension tridimensionnelle aux figures et aux scènes représentées.

Les caractéristiques topographiques des parois de la grotte pouvaient également inspirer l'imagination des artistes. Les habitants des grottes pouvaient avoir vécu des expériences de paréidolie, un phénomène psychologique où l'on perçoit des formes dans la nature, comme voir des formes dans les nuages. Si une protubérance rocheuse ressemblait à une tête de cheval, l'artiste pouvait imaginer la forme complète et en dessiner les détails manquants.

Par exemple, une image de cheval nouvellement découverte mesure environ 460 x 300 mm et est peinte en rouge avec des points espacés de manière variable. Elle représente la tête avec la bouche, un œil, une oreille, et le début de la ligne cervico-dorsale. L'artiste a intégré des fissures naturelles de la paroi rocheuse dans les contours de la tête et du torse du cheval, la ligne cervico-dorsale s'adaptant à une zone concave du mur.

Un autre cheval est peint en ocre jaune et mesure 600 mm de la tête aux flancs. Les parties anatomiques identifiées sont la tête, la crinière, le dos et les flancs. En tenant compte de la forme de la surface rocheuse, les auteurs suggèrent qu'un bord de roche définit le ventre du cheval, tandis que des fissures naturelles définissent la jambe avant. Même sans peinture, la surface rocheuse évoque plusieurs éléments anatomiques.

Les photographies stéréoscopiques ont permis à l'équipe d'identifier des dizaines de corrélations entre les images et les irrégularités des parois rocheuses de la grotte, invisibles dans des photographies classiques. La grotte de La Pasiega illustre parfaitement un site où la recherche précédente se basait uniquement sur la couleur, la forme et la technique de peinture ou de gravure, sans tenir compte de la surface rocheuse naturelle, sauf occasionnellement.

Les auteurs concluent que l'art rupestre paléolithique ne devrait pas être défini uniquement par des marques peintes ou gravées, mais aussi par les caractéristiques topographiques de la roche sur laquelle elles sont inscrites, ces deux éléments étant indissociables.

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