Charbon, cendres et coprolithes : Les dernières découvertes sur les Néandertaliens à Prado Vargas

**Fouilles sur le site de Prado Vargas. Crédit : CENIEH**

Le géologue Alfonso Benito Calvo, chercheur au Centre National de Recherche sur l'Évolution Humaine (CENIEH), est l'un des codirecteurs de la neuvième campagne de fouilles sur le site néandertalien de Prado Vargas, une grotte située dans le complexe karstique d'Ojo Guareña, au nord de la province de Burgos. Au mois d'août, plus de 2 000 vestiges de faune et d'outils en pierre y ont été récupérés.

Cette année, les 30 mètres carrés excavés du Niveau 4 (daté de 46 000 ans) ont révélé des dents et des fragments d'os d'ours des cavernes (Ursus spelaeus), de sanglier (Sus scrofa), de cheval (Equus ferus) et de cerf élaphe (Cervus elaphus), ainsi que de nombreux outils en silex et quartzite. Parmi ceux-ci, on note la présence de racloirs et d'éclats grossiers.

La principale nouveauté de cette campagne est la découverte d’un foyer, qui a été prélevé en bloc pour être étudié plus en détail en laboratoire. L'analyse des cendres, du charbon de bois et des sédiments brûlés permettra d'identifier les espèces d'arbres présentes dans le paysage, la température atteinte par le feu, la structure du foyer et la période de son utilisation.

La deuxième grande découverte comprend huit coprolithes (fèces fossilisées) d'ours des cavernes. Leur analyse fournira des informations sur le régime alimentaire et la constitution génétique de ces animaux. Cela permettra également d'identifier les fruits et plantes disponibles dans la région il y a 46 000 ans, et de déterminer quels pourraient avoir été consommés par les Néandertaliens qui occupaient la grotte de Prado Vargas.

Occupation néandertalienne

Les fouilles de cette année ont mis en évidence l’existence de différents sous-niveaux au sein du Niveau 4, révélant que la grotte a été occupée par plusieurs générations de Néandertaliens, qui l’ont utilisée comme foyer pendant des centaines, voire des milliers d’années.

« Nous avons collecté des échantillons de charbon et d'os provenant de ces sous-niveaux afin de dater précisément et de déterminer la durée séparant les différentes occupations », expliquent les trois codirecteurs de Prado Vargas, Alfonso Benito Calvo, Marta Navazo Ruiz (Université de Burgos) et Rodrigo Alonso Alcalde (Musée de l'Évolution Humaine et Université de Burgos).

Depuis le début des fouilles en 2016, plus de 15 000 vestiges ont été récupérés, ce qui, selon les codirecteurs, fait de Prado Vargas un site clé pour comprendre la vie des derniers Néandertaliens ayant occupé cette partie de la péninsule Ibérique.

La pièce la plus importante est une molaire de lait appartenant à une jeune Néandertalienne de 8 ans, surnommée Vera. À ce jour, il s'agit du plus ancien vestige humain découvert dans le complexe karstique d’Ojo Guareña.

Vulgarisation scientifique

Depuis le lancement de ce projet en 2016, l’une des priorités a été de partager les avancées et résultats des fouilles avec les communautés locales. Dans ce cadre, des activités participatives ont été organisées pour permettre aux habitants et aux visiteurs de découvrir les découvertes réalisées lors des différentes campagnes.

Durant cette campagne, plusieurs initiatives ont eu lieu, notamment une journée portes ouvertes et une conférence donnée par les codirecteurs Navazo Ruiz et Benito Calvo à la Casa de Cultura de Villarcayo, en partenariat avec l’Association Culturelle des Amis de Villarcayo et la mairie.

Mais l’événement phare a été l’atelier de lavage des sédiments archéologiques du site. Pendant trois jours, enfants et adultes ont lavé une demi-tonne de sédiments du Niveau 4, récupérant plus de 50 pièces, dont de petits fragments d’os brûlés, diverses dents de taupes et de rongeurs, ainsi que de nombreux éclats de taille de silex. Cet atelier a été organisé en collaboration avec Ráspano Ecoturismo et le Centre d’interprétation du Monument naturel d’Ojo Guareña.


**Source : CENIEH**

Commentaires